Test de la Pixel Tablet : une idée géniale de Google, mais mal ciblée

Dans le marché des tablettes largement dominé par Apple et Samsung, Google a tenté d’innover en combinant une tablette et une enceinte connectée pour créer de nouvelles utilisations. Une idée brillante, mais qui n’a pas vraiment fonctionné à 679 euros.

En 2023, est-il possible de réinventer la tablette, plus de dix ans après son apparition ? Google pense avoir trouvé une solution avec sa Pixel Tablet, en donnant une nouvelle dimension à la tablette à domicile.

Cependant, le paradoxe de la Pixel Tablet est le suivant : Google a raison sur tous les points, mais n’a pas réussi à répondre aux attentes. Son concept de tablette-enceinte a un potentiel énorme, mais cette première tentative semble destinée à rester confidentielle.

Avantages :

– Le concept est brillant.

– Le mode écran connecté est intéressant.

Inconvénients :

– Trois fois trop cher.

– Une tablette de gamme moyenne.

– Android sur tablette est moins performant que l’iPadOS.

– L’enceinte n’est pas indépendante de la tablette.

– La Pixel Tablet n’est pas une tablette ordinaire.

 

Pour commencer, revenons sur le concept de la Pixel Tablet. Google souhaite fusionner une tablette et un écran connecté, similaire au Google Nest Hub vendu à 99 euros hors promotion. À une époque où les assistants vocaux sont omniprésents, pourquoi obliger les utilisateurs à acheter à la fois une tablette et une enceinte connectée, alors qu’ils pourraient avoir un produit hybride capable de changer de fonction en quelques secondes ?

La Pixel Tablet ressemble à une tablette classique avec un écran LCD de 10,95 pouces au format 16:10. Sa particularité est qu’elle est accompagnée d’un haut-parleur relié à une prise de courant, ce qui lui permet de se transformer en écran connecté lorsqu’elle est en charge (grâce à des connecteurs magnétiques). À la maison, la Pixel Tablet devient donc un produit toujours allumé, capable d’afficher l’heure, vos photos, de diffuser des vidéos (en tant que récepteur Chromecast), de jouer de la musique ou de servir d’interface pour contrôler les appareils domestiques. Lorsque vous avez besoin d’une tablette pour accéder à Internet, vous pouvez la détacher et l’utiliser comme une tablette Android classique.

L’idée de Google est intelligente à plusieurs niveaux, car elle rend la tablette utile en permanence, contrairement aux produits concurrents qui restent inactifs lorsqu’ils ne sont pas sollicités. L’intégration d’un haut-parleur est également pratique, car la Pixel Tablet offre un son beaucoup plus puissant lorsqu’elle est posée sur son support. On ne peut que saluer un tel concept, car la Pixel Tablet réinvente véritablement les tablettes Android.

La Pixel Tablet aurait-elle dû coûter plus de 300 euros ?

Cependant, quelque chose ne va pas avec la Pixel Tablet : son prix. À 679 euros, cet objet semble disproportionné pour une utilisation domestique. Si l’on compare la tablette aux écrans connectés de Google, qui offrent les mêmes fonctionnalités que la Pixel Tablet lorsqu’ils sont connectés à une enceinte, on constate que la Pixel Tablet coûte entre 3 et 7 fois plus cher. Le Nest Hub coûte 99 euros, mais est souvent vendu en dessous de 50 euros. Le Nest Hub Max coûte 229 euros, avec un écran de taille similaire et une webcam, mais est souvent proposé autour de 170 euros… Google semble estimer que la partie tablette de son produit justifie un investissement supplémentaire de 500 euros pour un produit 2-en-1, ce qui semble être une grosse erreur.

Que propose la Pixel Tablet à 679 euros ? 

En termes de puissance, Google a décidé d’équiper sa tablette du même processeur Tensor G2 que ses smartphones Pixel 7. La tablette bénéficie également de plusieurs fonctionnalités propres à l’écosystème Pixel. Cependant, le reste de l’appareil est plutôt de gamme moyenne. La finition de la tablette est décevante, avec un dos en plastique. Il n’y a qu’un seul capteur photo de 8 Mpix à l’arrière et un appareil photo frontal basique à l’avant. La capacité de stockage est limitée à 128 Go, avec un modèle de 256 Go à 799 euros. Il n’existe pas de version 4G/5G, ni de clavier pour une utilisation autre que l’écran tactile. Le capteur d’empreintes latéral sur le bouton de déverrouillage est souvent capricieux, il arrive souvent qu’il ne fonctionne pas dès le premier essai. L’absence de reconnaissance faciale est également regrettable, alors que les smartphones Pixel en bénéficient… La Pixel Tablet n’est pas le produit haut de gamme que l’on aurait pu imaginer.

De plus, elle présente de nombreux bugs logiciels qui la rendent parfois peu fluide. Il faut parfois plusieurs secondes pour la déverrouiller, avec des éléments qui apparaissent à l’écran et se figent. Même Google Assistant est parfois cinq fois plus lent que sur un smartphone… On peut imaginer que Google corrigera ces problèmes dans les prochaines semaines. Cependant, ils témoignent du fait que le produit est loin d’atteindre le niveau des smartphones Pixel. D’autres bugs semblent liés à des problèmes de conception, comme le fait que le lancement d’une chanson avec Google Assistant ne fonctionne pas de la même manière lorsque la tablette est sur son support ou en mode tablette. Il faut donc se connecter deux fois, au risque d’interrompre la lecture si l’on fait une demande (Apple Music Dock n’appréciera pas que vous lui demandiez une chanson alors que vous en écoutiez une sur Apple Music Android).

Un autre problème est qu’Android sur tablette n’est tout simplement pas au niveau. Malgré les améliorations apportées par Google avec Android 12L et Android 13, comme l’ajout d’une barre d’icônes flottante pour le multitâche, les applications Android adaptées aux grands écrans des tablettes restent rares. Même le système d’exploitation pourrait être amélioré. Il est difficilement concevable qu’en 2023, le redimensionnement des widgets sur l’écran d’accueil soit toujours aussi frustrant, avec des icônes qui occupent un espace disproportionné par rapport à leur taille réelle… iPadOS d’Apple a un net avantage à cet égard.

Si l’on ne considère que le côté tablette de la Pixel Tablet, nous dirions que c’est un très bon produit pour une utilisation limitée. Par exemple, pour regarder des séries sur Netflix, effectuer des recherches en ligne et passer un peu de temps sur les réseaux sociaux avant de dormir. Une utilisation principalement domestique. Cela la met en concurrence avec des tablettes vendues entre 200 et 300 euros, et non à 679 euros. Son aspect hybride ne justifie en aucun cas le triplement du prix.

Paradoxalement, ce qui sauve la tablette de Google, c’est sa fonction d’écran connecté. Pendant notre test, nous avons placé la Pixel Tablet sur notre plan de travail de cuisine, avec un cadre photo qui affichait les meilleurs souvenirs de nos albums Google Photos à notre place. C’était vraiment sympa, avec des images qui défilaient toutes les 30 secondes, puis qui se transformaient en une horloge à faible luminosité pendant la nuit. Il était possible d’accéder à nos appareils Google Home en appuyant simplement sur un bouton situé en bas à gauche.

Bien sûr, la Pixel Tablet est conçue pour répondre aux commandes vocales OK Google. Même si elle n’est pas toujours très rapide, elle peut ensuite diffuser du contenu audio ou vidéo sur son haut-parleur intégré. La qualité audio est moyenne, manquant de clarté, mais la puissance est au rendez-vous. C’est presque aussi bon qu’une enceinte Nest Audio. Le seul regret est que l’enceinte ne soit pas utilisable lorsque la tablette est détachée. C’est vraiment dommage, on aimerait pouvoir utiliser la tablette sur le canapé tout en continuant à diffuser de la musique en Bluetooth (ou pouvoir l’alimenter sans prise de courant grâce à la batterie de la tablette). Autre défaut, l’écran LCD n’est pas adapté à une utilisation nocturne. On aurait préféré un écran OLED ou mini-LED avec des pixels éteints.

La possibilité de diffuser des vidéos depuis un smartphone en utilisant Chromecast est également intéressante, par exemple pour regarder la télévision tout en cuisinant, mais cela ne résout pas le problème majeur de la Pixel Tablet. À 679 euros, même si le produit est un excellent écran connecté, il est beaucoup trop cher. Le Nest Hub Max à 229 euros ou moins offre les mêmes fonctionnalités, sans la partie tablette de gamme moyenne.

 

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