Migration du minage de Bitcoin vers la Russie
Pendant longtemps, la Chine et les États-Unis ont dominé le secteur du minage de Bitcoin. Toutefois, certains pays poussent les mineurs vers la sortie, les obligeant à trouver de nouveaux territoires plus favorables à leur activité. La Russie émerge ainsi comme un candidat sérieux.
Minage de Bitcoin et puissance de calcul
Le minage de Bitcoin est le processus permettant de valider les transactions. Sur un réseau utilisant le Proof-of-Work, comme Bitcoin, les mineurs s’affrontent pour trouver rapidement une fonction mathématique appelée « hash« . En d’autres termes, lorsque qu’un bloc de transactions BTC est prêt à être validé, les mineurs font fonctionner leurs ordinateurs afin de trouver le hash et miner le bloc. Cette opération requiert donc une puissance de calcul considérable.
Cette activité a également un impact significatif sur la consommation d’énergie, ce qui suscite des critiques environnementales à l’encontre du modèle Proof-of-Work.
Le hashrate et les principaux pays mineurs de Bitcoin
Le Cambridge Center for Alternative Finance (CCAF) établit régulièrement le classement des principaux mineurs de Bitcoin en fonction de leur hashrate, exprimé en pourcentage du hashrate total mondial. Le dernier classement du CCAF date de janvier 2022. Voici les cinq pays ayant le plus grand hashrate :
- États-Unis : 37,84%
- Chine : 21,11%
- Kazakhstan : 13,22%
- Canada : 6,48%
- Russie : 4,66%
Il est probable que ces données aient évolué depuis janvier 2022, avec une possible ascension de la Russie dans le classement.
La Russie pourrait atteindre un hashrate de 18%
La société Intelion Data Systems, un important fabricant et distributeur de matériel de minage en Russie, a évoqué cette question. Selon leurs estimations, le hashrate russe pourrait atteindre rapidement 18% du hashrate mondial. Quelles sont les raisons de cette évolution ?
L’une des principales raisons réside dans les mesures restrictives prises par d’autres pays leaders du classement. En effet, de nombreux pays subissent déjà une hausse des coûts de l’électricité, ce qui incite naturellement les mineurs à se tourner vers des pays où l’électricité est moins chère.
Par ailleurs, certains pays ont adopté des mesures défavorables au minage. Le Kazakhstan, par exemple, a récemment mis en place une nouvelle législation régulant cette activité, restreignant notamment l’accès à l’électricité pour les entreprises minières. Aux États-Unis, la pression s’accroît également avec la proposition d’une taxe de 30% sur les entreprises spécialisées dans le minage de cryptomonnaies, émise par le président Biden.
Ces mesures contraignantes poussent les mineurs à chercher des alternatives. La Russie se présente alors comme une option très intéressante. Selon Intelion, la Fédération de Russie pourrait accueillir les mineurs exilés des pays précédemment cités, ce qui permettrait à la Russie de récupérer environ :
– 6% du hashrate mondial en provenance des États-Unis, du Canada et de la Chine.
– Près de la moitié du hashrate du Kazakhstan, soit 6,6% du hashrate mondial.
Avec ces nouveaux mineurs, le hashrate de la Russie pourrait atteindre 18%, positionnant ainsi le pays à la troisième, voire deuxième place des pays ayant le plus grand hashrate.
La Russie ouvre ses portes au minage de cryptomonnaies
Selon certains acteurs russes, la Russie serait déjà en deuxième position. En avril, Bitriver, le plus grand opérateur de minage russe, a affirmé que la Russie dispose de la deuxième plus grande capacité électrique dédiée au minage de cryptomonnaies. D’après cette entreprise, la Russie consacre 1 gigawatt au minage, se plaçant juste derrière les États-Unis avec une capacité de 3 à 4 gigawatts.
En tout cas, le PDG d’Intelion Data Systems, Timofey Semyonov, est confiant dans la capacité de son pays à s’imposer dans le secteur du minage.
« La Russie a toutes les chances de changer l’ordre actuel du marché mondial du minage de cryptomonnaies. Le pays possède tous les atouts nécessaires : faible coût de l’électricité, capacités disponibles, et infrastructures énergétiques développées dans de nombreuses régions. » – Timofey Semyonov, PDG d’Intelion Data Systems, fabricant et distributeur de matériel de minage en Russie.
Les entreprises russes travaillent activement au développement de leurs activités de minage, bénéficiant du soutien du gouvernement. Moscou est conscient de ses avantages compétitifs dans le domaine du minage de cryptomonnaies et souhaite en tirer profit. Selon Intelion, le minage en Russie doit devenir une « activité commerciale légale avec des règles du jeu claires » afin de créer un environnement favorable à l’investissement. Les experts estiment que la crise bancaire aux États-Unis et en Europe « ne fait que commencer », ce qui devrait accroître la demande de Bitcoin en tant que valeur refuge et susciter l’intérêt des institutions financières traditionnelles. Le minage de Bitcoin semble donc avoir de belles perspectives d’avenir.
